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Au Zimbabwe, une figure de la contestation arrêtée, la répression s'aggrave

Zimbabwe | January 17, 2019, Thursday @ 12:20 in En français » MONDE | By: AFP | Views: 516
Au Zimbabwe, une figure de la contestation arrêtée, la répression s'aggrave

Les autorités du Zimbabwe ont intensifié la répression mercredi au troisième jour de la grève enclenchée par la hausse des prix des carburants (Jekesai NJIKIZANA / AFP)

 

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(AFP) - Les autorités du Zimbabwe ont intensifié la répression mercredi au troisième jour de la grève enclenchée par la hausse des prix des carburants en arrêtant une figure de la fronde, le pasteur Mawarire, mais le président Emmerson Mnangagwa a démenti que les forces de sécurité aient agi avec violence.

Porte-drapeau des manifestations antigouvernementales de 2016, le pasteur Mawarire a été interpellé à son domicile de Harare et placé en garde à vue.

"Ils affirment qu'il a incité à la violence par le biais de Twitter et des réseaux sociaux", a déclaré son avocate, Beatrice Mtetwa. Selon une association d'avocats, il devrait être déféré devant un tribunal jeudi matin.

Le président Mnangagwa a déclaré à la chaîne ZBC qu'aucun dirigeant "ne pouvait laisser dormir sa sécurité quand des boutiques sont pillées (...) et qu'ils (les manifestants) brûlent des pneus pour empêcher les gens d'aller au travail".

"Il y a des gens qui se concentrent sur les efforts pour faire respecter la loi et l'ordre public (au lieu) de se concentrer sur ceux qui violent la loi et portent atteinte à l'ordre public dans le pays", a-t-il dit.

Le ministre de la Sécurité, Owen Ncube, a annoncé que plus de 600 personnes avaient déjà été arrêtées depuis le début des troubles.

Une soixantaine d'entre elles ont comparu mercredi devant la justice pour "violence publique", accusées d'avoir jeté des pierres sur la police ou bloqué des routes. Toutes ont été placées en détention provisoire.

Le Zimbabwe est le théâtre depuis lundi de violentes manifestations contre la forte hausse des prix des carburants à la pompe décrétée samedi par son gouvernement, dans un pays dévasté par une grave crise économique.

Ses deux principales villes, Harare et Bulawayo (sud), tournent au ralenti, privées de transports publics et magasins fermés. De nombreux commerces y ont été pillés, des bâtiments et des voitures brûlées par la population en colère.

Les forces de sécurité ont sévèrement réprimé la contestation. Au moins trois personnes ont été tuées, selon la police, de nombreuses autres blessées.

En tournée à l'étranger, M. Mnangagwa est sorti du silence qu'il observait depuis le début des troubles pour condamner les violences et appeler ses compatriotes à la retenue.

 

- "Arrestations massives" -

 

"J'appelle au calme et à la paix ", a écrit M. Mnangagwa. "Il n'y a aucune justification à la violence (...) la violence ne réformera pas notre économie, la violence ne reconstruira pas notre nation".

"Les atteintes aux biens ne justifient pas le recours aux tirs à balles réelles (...) les tabassages et les arrestations massives", a répliqué Amnesty International.

Les ONG ont recueilli de nombreux témoignages sur la brutalité de la répression.

L'Association des médecins du Zimbabwe pour les droits de l'homme (ZADHR) a fait état de plus de cent blessés, nombre d'entre eux par balles, ainsi que de nombreux cas de passages à tabac, voire de torture, et d'arrestations arbitraires. Elle a estimé "entre cinq et dix" le nombre probable de tués.

Le principal parti d'opposition a lui aussi dénoncé des méthodes de "hooligans et de terroristes" et exigé "le retrait de l'armée des rues" et la "libération des personnes détenues".

Les autorités ont pour leur part justifié l'intervention des forces de l'ordre, dénonçant un complot contre le régime.

"Ces événements n'ont rien de spontané, ce sont des attaques délibérées contre les Zimbabwéens pacifiques", a souligné la ministre de l'Information, Monica Mutsvangwa, "les tentatives de renverser le gouvernement (...) seront déjouées".

Interrompu mardi, l'accès à l'internet et aux réseaux sociaux a été partiellement rétabli mercredi soir.

 

- 'Tâche monumentale' -

 

"Je comprends la colère et la frustration de beaucoup d'entre vous", a dit le chef de l'Etat dans son message.

"Redresser l'économie du Zimbabwe est une tâche monumentale (...) nous sommes sur le bon chemin, nous y parviendrons", a-t-il poursuivi, assurant avoir finalisé des "investissements sérieux" lors d'une visite en Russie.

Au pouvoir depuis la démission de Robert Mugabe fin 2017, M. Mnangagwa a hérité d'un pays dans une situation économique et financière catastrophique, caractérisée par un manque criant de liquidités et une inflation galopante.

La crise s'est accélérée ces derniers mois, provoquant des pénuries de la plupart des denrées de base, dont le carburant.

"Les investissements qu'il espérait ne se sont pas concrétisés. La crise économique semble insoluble à court terme", a résumé à l'AFP Derek Matyszak, analyste à l'Institut des études de sécurité de Pretoria).

Le gouvernement a annoncé la multiplication par deux et demi des prix de l'essence dans l'espoir d'en réduire la consommation et d'enrayer les nombreux trafics liés à la dévaluation de la quasi-devise locale, les "bond notes".

La population redoute une hausse générale de prix des autres produits et n'hésite plus à rendre le chef de l'Etat, élu en 2018, et son gouvernement responsables de la situation.

"On ne peut pas payer tous les jours 3 dollars pour une course en taxi", a dit à l'AFP Mulungisi Tshabalala, un habitant de Bulawayo. "On est fatigué de Mnangagwa (...), il doit partir".

bur-pa/sd/jh/mr 

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