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Présidentielle au Sri Lanka: vers un retour du redouté clan Rajapaksa ?

Sri Lanka | November 14, 2019, Thursday @ 10:33 in En français » MONDE | By: AFP | Views: 2759
Présidentielle au Sri Lanka: vers un retour du redouté clan Rajapaksa ?

Le candidat du parti Gotabhaya Rajapaksa (2D) à l'élection présidentielle du 16 novembre 2019 à Homagama, à l'issue d'un rassemblement électoral. La police a renforcé la sécurité dans tout le Sri Lanka le 13 novembre, par crainte de violences lors de la dernière journée de campagne pour l'élection présidentielle âprement disputée, ont déclaré des responsables.  (Lakruwan WANNIARACHCHI / AFP)

 

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(AFP) - Les Sri Lankais élisent samedi leur président, un scrutin qui pourrait permettre le retour au pouvoir du redouté clan des Rajapaksa et son sombre cortège de disparitions suspectes, meurtres et emprunts chinois troubles.

Dans une nation encore meurtrie par les attentats de Pâques, les noms de 35 candidats figurent sur le bulletin papier long de 65 centimètres, dont deux moines et une seule femme. Le scrutin s'annonce surtout comme un duel serré entre le représentant du parti au pouvoir Sajith Premadasa et Gotabhaya Rajapaksa, frère de l'ex-homme fort Mahinda Rajapaksa.

Gotabhaya, 70 ans, est le petit frère de l'ancien président Mahinda Rajapaksa, qui a dirigé d'une main de fer l'île d'Asie du Sud de 2005 à 2015 et est empêché par la Constitution actuelle de se présenter à cette élection. Mahinda a été battu dans les urnes il y a cinq ans par une coalition d'opposants et a tenté de devenir Premier ministre l'année dernière lors d'un coup de force qui a échoué.

Bête noire des défenseurs des droits humains, Mahinda Rajapaksa est adulé au sein de la majorité ethnique cinghalaise du pays de 21 millions d'habitants pour avoir écrasé la rébellion séparatiste de la minorité tamoule, mettant fin à une guerre civile qui a fait 100.000 morts en 37 ans.

La dernière phase de la guerre, en 2009, a donné lieu à un gigantesque bain de sang. Les troupes gouvernementales, dont son frère Gotabhaya était de fait en charge à l'époque, sont soupçonnées d'avoir tué 40.000 civils tamouls en quelques mois.

 

- Peur -

 

Gotabhaya Rajapaksa est également accusé - ce qu'il nie - d'avoir dirigé des "escadrons de la mort" qui ont enlevé à bord de camionnettes blanches des dizaines de Tamouls, d'opposants politiques, de journalistes et autres. Certains des corps ont été ensuite jetés sur la route, d'autres n'ont jamais été retrouvés.

L'une de ses victimes présumées était le journaliste Lasantha Wickrematunge, poignardé à la tête en 2009. Le reporter s'apprêtait à témoigner devant un tribunal dans un procès pour diffamation intenté par Gotabhaya contre son journal, suite à un article l'accusant de corruption.

Sa fille Ahimsa Wickrematunge se dit "terrifiée" que, sous une présidence de Gotabhaya Rajapaksa, "nombre de braves policiers, procureurs, témoins, juges et journalistes qui ont croisé son chemin (...) se retrouvent dans la ligne de mire".

"Tout le monde doit avoir peur de ce qu'il pourrait se passer si Gotabhaya devient président, tout le monde", prévient l'analyste Paikiasothy Saravanamuttu.

"Pour les journalistes, pour n'importe quelle forme de dissidence, cela va être très très dur", déclare-t-il à l'AFP. 

Selon l'ONG Reporters sans frontières, durant la "décennie noire" de pouvoir de Mahinda Rajapaksa, au moins 14 journalistes "ont été assassinés en lien avec leur travail".

En face, l'United National Party (UNP), première formation au Parlement, a investi le ministre du Logement Sajith Premadasa, relativement peu connu. Il est le fils du président Ranasinghe Premadasa, tué en 1993 dans un attentat suicide par la guérilla tamoule.

Le candidat naturel de l'UNP, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, a dû renoncer à ses ambitions présidentielles à la suite d'une fronde interne. La lutte de pouvoir ces dernières années entre lui et le chef de l'État sortant Maithripala Sirisena a déréglé la machinerie étatique, qui s'est avérée incapable d'empêcher les attentats jihadistes de Pâques qui ont fait 269 morts.

 

- Argent chinois -

 

En cas de victoire, Gotabhaya Rajapaksa devrait nommer son frère Mahinda à la tête du gouvernement. Un retour au pouvoir des Rajapaksa préoccupe aussi l'Inde voisine et les Occidentaux en raison de la proximité du clan avec la Chine.

Pékin a prêté des milliards de dollars au Sri Lanka durant les deux mandats de Mahinda Rajapaksa pour de grands projets d'infrastructures, une dette colossale qui place le pays stratégique de l'océan Indien dans une situation de dépendance vis-à-vis de la Chine. Des contrats font l'objet de soupçons de corruption.

Illustrant le piège de cette dette, le Sri Lanka a dû céder en 2017 pour 99 ans à la Chine le port de Hambantota (sud), après s'être retrouvé dans l'impossibilité de rembourser une créance de 1,4 milliard de dollars pour sa construction.

Les investissements chinois "ont facilité la mauvaise gestion des Rajapaksa", indique l'expert Paikiasothy Saravanamuttu. "Ils ont dépensé et dépensé sans réfléchir à la manière dont l'argent serait remboursé."

Près de 16 millions d'électeurs sri-lankais sont appelés aux urnes de 07H00 à 17H00 locales samedi (01H30-11H30 GMT). Les résultats devraient être connus dimanche.

aj-stu-amd/roc

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