(AFP) - Des milliers de partisans d'un parti islamiste radical ont continué mardi à bloquer les routes de plusieurs villes au Pakistan pour dénoncer l'arrestation de leur chef qui avait réclamé l'expulsion de l'ambassadeur de France, faisant craindre pour l'approvisionnement en oxygène d'hôpitaux traitant des malades du Covid-19.

A Lahore (est), la deuxième  plus grande ville du pays, où Saad Rizvi, le leader du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), avait été arrêté lundi, certains des plus importants carrefours de la ville restaient mardi fermés à la circulation.

Le TLP avait appelé à l'expulsion à l'ambassadeur de France après que le président français, Emmanuel Macron, eut défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression, au cours de l'hommage rendu à un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication des caricatures du prophète Mahomet par l'hebdomadaire Charlie Hebdo.

Selon Yasmin Rashid, un haut responsable sanitaire de la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale, les manifestations du TLP ont causé une "crise" de l'approvisionnement en oxygène des hôpitaux dans la nuit de lundi à mardi.

"S'il vous plaît, ne bloquez pas les routes pour les ambulances et les visiteurs des hôpitaux. Certaines ambulances transportent des bonbonnes d'oxygène, qui est absolument essentiel pour les patients atteints du Covid", a-t-il déclaré.

Le Dr Asad Aslam, responsable de la lutte anti-Covid pour le Pendjab, a indiqué à l'AFP que certains hôpitaux avaient été confrontés à un manque d'oxygène lundi soir, mais que la situation s'était stabilisée mardi matin après que les autorités ont réussi à dégager certaines routes.

Le Pakistan est aux prises avec une troisième vague du coronavirus meurtrière et manque de vaccins.

Le TLP, un influent parti extrémiste qui instrumentalise la question du blasphème, brûlante au Pakistan, est connu pour sa capacité à mobiliser ses sympathisants et bloquer des routes pendant des jours.

Un responsable de ce parti a affirmé à l'AFP que deux de ses partisans avaient été tués lundi soir à Lahore dans des affrontements avec la police, qui n'a pas confirmé cette information.

Saad Rizvi, fils de Khadim Hussain Rizvi, le fondateur du TLP, mort en novembre, a été arrêté quelques heures après avoir appelé à une marche le 20 avril à Islamabad pour demander l'expulsion de l'ambassadeur de France.

Il a reproché au gouvernement de ne pas avoir respecté un accord en vue d'expulser le diplomate français, qui aurait été conclu à l'issue de trois jours de manifestations violentes du TLP l'an passé dans la capitale. Les autorités n'ont jamais reconnu l'existence d'un tel accord.

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