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Le centre de conservation de Farquhar, île des Seychelles, s’inquiète des déchets qui s’échouent sur les plages

Farquar, Seychelles | November 1, 2014, Saturday @ 14:47 in En français » ENVIRONNEMENT | By: Hajira Amla- Sharon Uranie et Séverine Martin | Views: 3620
Le centre de conservation de Farquhar, île des Seychelles, s’inquiète des déchets qui s’échouent sur les plages

L’équipe ICS a été aidée par les guides de « Fly Castaway fishing » pour nettoyer les vagues massives de déchets, y compris une télévision qui a été retrouvé échouée sur le rivage des Iles Goëlettes. (ICS Seychelles)

 

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(Seychelles News Agency) - Les agents de la conservation travaillant à l’installation du premier Centre de Conservation sur le groupement d’île Farquhar dans l’archipel des Seychelles se considèrent chanceux d’être en poste dans l’un des endroits les plus reculés et les plus beaux de la planète.

Quoi qu’il en soit Aurélie Duhec et sa petite équipe de la Island Conservation Society (ICS) livrent un combat difficile face à un flot incessant de déchets charriés par la mer et de dispositif de concentration de poisson (DCP) s’échouant sur les plages de sable blanc de l’atoll.

Découverte en 1501 par des explorateurs portugais, l’atoll de Farquhar porte le nom de Robert Townsend Farquhar, le premier gouverneur britannique de l’île Maurice en 1824. C’est l’un des atolls les plus étendus parmi les 115 îles de l’archipel des Seychelles avec une superficie de près de 17 800 hectares.  

Comprenant 10 îles, Farquhar est le point le plus au sud des Seychelles et est plus près de Madagascar que de Mahé l’île principale. Les deux îles principales de Farquhar, l’Île du Nord et l’Île du Sud, sont de loin les plus grandes avec 97% de la masse territoriale de l’atoll.

L’atoll est considéré comme une zone ornithologique très importante caractérisée par l’abondance d’espèces d’oiseaux nidifiant. La ICS est convaincu qu’il y a encore beaucoup à découvrir sur ce groupement d’îles et a reçu un financement du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) afin d’établir un centre de conservation à des fins de recherche et de surveillance.  

 Les déchets marins échoués sur le groupement d’îles de Farquhar sont de diverses natures, parmi eux on retrouve des chaussures et beaucoup de débris de plastiques (Aurelie Duhec/ICS Seychelles) Photo License: All Rights Reserved

Des montagnes de détritus

L’exploration des côtes orientales au vent, de l’Ile du Nord et de l’Ile du Sud, toutes deux d’importants sites de nidification des tortues de mer et d’apprentissage au vol pour les oiseaux juvéniles, a laissé l’équipe sous le choc, qui a été consternée par la quantité préoccupante des débris marins échoués sur les plages.

L'équipe a signalé être particulièrement inquiète de la présence de sacs en plastique, de lignes de pêche et des DCP, qui menacent à la fois les espèces marines et la faune aviaire de la région. L'équipe de l’ICS qui est basée sur l’île Alphonse, à 400 kilomètres au sud de Mahé a révélé récemment à la SNA la menace croissante que représentent les dispositifs de concentration de poissons envers les efforts de conservation sur les îles périphériques.

« Ces plages sinistrement souillées par les détritus humains sont d’importantes zones de pontes pour les tortues marines, » a déclaré Aurélie à la SNA, en ajoutant que « la ICS aurait besoin de collaborer étroitement avec ses partenaires pour assainir près de 18 kms de montagnes de déchets retrouvés sur les berges. »

Il est probable que les déchets marins proviennent de la « Grande Décharge de l’Océan Indien »,  un vaste amas de matières plastiques flottantes, de résidus d’équipements de pêche, des fragments de plastiques, qui menacent gravement les poissons, les mammifères marins mais aussi les oiseaux qui les confondent souvent avec de la nourriture.

Les déchets sont collectés par les courants des océans de manière circulaire et s’accumulent à travers les océans du monde. Quelques débris finissent par s’échouer sur les rivages voisins, entrainant la pollution sur les plages immaculées comme celles de l’atoll de Farquhar.

Un voyage de découvertes

Géologue et océanographe de formation, Aurélie est née en France, elle est venue pour la première fois aux Seychelles en 2008 pour mener des recherches. Elle est revenue ensuite en  2009 et a travaillé durant 8 mois sur l’atoll d’Aldabra avant de rejoindre l’équipe d’ICS sur l’île Alphonse en 2011, où elle sauva le légendaire fou à pieds rouge connu sous le nom de Willie.

Aurélie s’est confiée à la SNA ; en tant qu’agent de la conservation du site d’Aldabra, site classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, elle a décrit son expérience professionnelle, comme le voyage qui changea le reste de sa vie pour toujours.

Elle affirme que : « le nombre restreint de privilégiés qui ont pu expérimenter la vie sur cet atoll s’accorderaient à dire que le site d’Aldabra n’est pas unique seulement par sa beauté authentique ou sa faune vierge, mais aussi par l’atmosphère indescriptible qui procure à chacun le sentiment d’être en harmonie avec la nature ».

Ce cadre enchanteur, où Aurélie et un garde forestier seychellois tombèrent amoureux a été le théâtre d’une collaboration professionnelle et personnelle qui se poursuit encore aujourd’hui.

Elle déclare : « depuis notre expérience à Aldabra, nous travaillons en parfait binôme franco-seychellois pour la conservation des îles des Seychelles. Nous aimons croire que la Nature a été source d’inspiration pour notre histoire et a créée des équipes pour sa protection,  plutôt que de penser à une simple coïncidence ».

Depuis qu’ils ont été tous deux en poste sur l’île d’Alphonse en janvier 2011 en tant que membre de l’équipe ICS, ils ont eu pour mission de protéger les espèces menacées et vulnérables, lutter contre l'érosion côtière et la pollution marine et aider les visiteurs de l'île à se connecter avec la nature.

  « 3 ans passé sur une petite île c’est long, mais paradoxalement nous avons quitté cette île avec un sentiment d’inachevé » dit–elle ironiquement. « C’est à présent la mission de la nouvelle équipe. Depuis mi-2014, le Centre a bien travaillé et a poursuivi avec 3 équipes parfaitement équipées. »

Aurélie lors de son premier voyage sur la côte sud de l’île du Nord. (Aurelie Duhec/ICS Seychelles) Photo License: All Rights Reserved

La Mission sur l’ile de Farquhar

La biodiversité des îles habitées intérieures des Seychelles a souffert de la surpêche et d'autres menaces d'origine humaine, tandis que les îles coralliennes extérieures offrent encore des réserves naturelles de conservation importantes qui nécessitent une protection urgente.

Finalement, ICS a mis en poste le mois dernier Aurélie et son partenaire Richard à Farquhar, afin d’établir un centre de conservation pour effectuer des recherches sur la biodiversité et les écosystèmes de l’atoll.

Les données qui seront collectées par l’équipe seront ensuite utilisées pour définir à l’intérieur de l’atoll le périmètre des nouvelles zones protégées, qui inclut l’île du Sud, l’île Goëlettes, Banc de Sable et les paysages marins sur près de 1 km en partant du bord du récif.

Vu du ciel, l’atoll de Farquhar a paru énorme à Aurélie et Richard. Depuis leurs sièges de l’avion ils ont commencé à redouter les patrouilles de routine qu’ils auraient à effectuer pour les tortues, autour des grandes îles.

Sous un soleil de plomb, le duo s’est épuisé en explorant les îles principales, surveillant les tortues de mer et comptant les oiseaux aussi bien sur l’Ile Goëlettes que sur l'îles Bancs de Sable.

 « Mais quel atoll incroyable ! », s'est-elle enthousiasmée. « La beauté des paysages et de la faune nous émerveillent constamment. »

Malgré la quantité impressionnante de travail auquel la petite équipe a dû faire face, Aurélie a décrit l’installation de la base comme une expérience heureuse, La Compagnie de développement des îles (IDC) a fourni à l'équipe une maison, un bureau et du personnel pour les aider dans les tâches quotidiennes.

 « À ce jour, nous avons collaboré avec succès pour la libération des tortues géantes gardées en captivité, le nettoyage de l'île de Goëlettes avec l'aide des guides de pêche de Fly Castaway et la mise en place de règles de tri des déchets ménagers sur l'île. » dit-elle.

Une nouvelle maison – la société IDC a fourni à Aurélie et Richard une maison et un bureau où ils peuvent stocker les données recueillies durant leurs activités de surveillance.(Aurelie Duhec/ICS Seychelles) Photo License: All Rights Reserved

Survivor : épisode Farquhar

Installer un centre de recherches sur une île presque déserte s’apparente de près à un show de la téléréalité, l’équipe continue à avancer dans leur interminable travail.

 « Une fois la collecte de données sur le terrain terminée nous nous attelons aux tâches administratives, nous faisons de notre mieux pour ne pas laisser trop de données s’accumuler, sinon cela pourrait devenir ingérable. » dit Aurélie. « La journée se termine avec les tâches domestiques, et comme la plupart des membres de l’équipe sur l’île, nous avons dû planter nos propres légumes pour notre propre subsistance », alors que le poisson frais est fourni 4 jours sur 7.

Aurélie est ravie que Richard soit un passionné de jardinage et de cuisine, il cultive des citrouilles, pastèques, melons, pommes de terre, maïs et d’autres légumes frais. Ils ont construit une barrière rudimentaire faite à base de feuilles de palmiers qui permet de préserver le jardin des poules qui se promènent en liberté dans le petit village.

L’équipe de la IDC a aidé Aurélie et Richard à libérer quelques tortues géantes gardées en captivité sur l’atoll.(Aurelie Duhec/ICS Seychelles) Photo License: All Rights Reserved

La découverte d’une faune abondante

Commençant l’exploration par l’Ile du Nord, qui est bordée d’un côté par un lagon, le duo a découvert que la plage était inadaptée pour la nidification des tortues marines à cause des surfaces calcaires. Le lagon a créé une nurserie naturelle pour les espèces marines. Aurélie et Richard ont été stupéfaits par le spectacle de balistes à moustache recherchant de la nourriture, des jeunes très colorés, et aussi par des requins nageant dans les eaux claires et turquoises.

 « Le jour d’après, Farquhar nous a offert une bien meilleure surprise : lors d’une expédition sur la côte ouest de l’île du Sud, nous ne nous attendions pas à voir une large population reproductrice de Fous à pied rouge », dit Aurélie. « Ils nous ont surpris à plusieurs reprises lorsqu’ils essayaient d’atterrir sur nos têtes ! »

Farquhar est reconnue comme une zone importante pour la conservation des oiseaux (IBA) par la « Birdlife International » en raison du nombre conséquent d’oiseaux marins reproducteurs présents sur les îles de l’atoll.

 « Nous avons observé des poussins à différentes étapes de leur développement et nous avons constaté que les espèces allant jusqu’à Manahas trouvaient refuge avec beaucoup d’oiseaux sur l’île du Nord. Selon les locaux leur présence sur ces dernières îles est très récente.» dit-elle, ajoutant qu’ils avaient enregistré un nombre de Fous avec des variations de couleurs différentes et nouvelles et aussi des différences de morphologie.

Le duo a aussi été frappé par l’abondance d’oiseaux sur l’Ile Goëlettes, qui abrite aussi bien une grande colonie reproductrice de Sternes Fuligineuses que de Sternes de Dougall, des Sternes Diamants,  des Noddis Bruns et une plus petite population de plus petits noddis bruns.

Le mois dernier, la SNA a parlé à l’ornithologue Chris Feare, qui a dit que le manque de nourriture dans l’océan Indien pourrait menacer la population des Sternes Fuligineuses, cette théorie semble être soutenue par Aurélie, qui a été bouleversée de voir un grand nombre de poussins abandonnés par leur parents mourant de faim sur l’île Goëlette.

 « Cette année, le poisson semble se faire rare pendant la période de reproduction des oiseaux marins, peut-être est-ce dû aux changements climatiques temporaires, » explique-t-elle.

Selon les estimations, Banc de sable se serait formé il y a environ 45 ans et doit son nom au banc de sable donc il est issu. Banc de Sable est aujourd’hui une île luxuriante aussi bien adaptée à la reproduction des sternes Diamant qu’à la ponte des tortues.

Dans tous les cas, Aurélie est très excitée et se sent privilégiée à l’idée de créer une nouvelle base sur cet atoll, mais elle est aussi très consciente des mesures urgentes et nécessaires à prendre pour protéger de l’impact du comportement humain la faune sauvage vivant dans ce paradis.

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Tags: Farquhar, Island Conservation Society, La Compagnie de développement des îles, conservation

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