L'Australie offre l'asile climatique aux citoyens de Tuvalu
Un homme passe devant un gigantesque morceau de bois flotté sur le rivage de l'îlot Tepuka, dans l'atoll Funafuti de Tuvalu, le 22 février 2004. Les citoyens de l'île de Tuvalu, menacée par le climat, auront le droit de vivre en Australie en vertu d'un pacte historique dévoilé le 10 novembre 2023 - une offre de refuge alors que leur patrie du Pacifique se perd sous les mers. (Photo par TORSTEN BLACKWOOD / AFP)
(AFP) - Un traité "fondateur": Canberra a annoncé vendredi offrir progressivement l'asile climatique aux quelque 11.000 citoyens de Tuvalu, petit ensemble d'îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition.
Deux de ses neuf récifs coralliens ont déjà été engloutis et ce n'est qu'une question de temps -- moins d'un siècle -- avant que l'intégralité de son territoire ne devienne inhabitable, selon des experts.
Vendredi, le Premier ministre australien Anthony Albanese et son homologue de Tuvalu Kausea Natano ont ainsi dévoilé les termes d'un pacte qui doit permettre aux citoyens de l'archipel de se réfugier en Australie pour "y vivre, y étudier et y travailler".
Afin d'éviter toute "fuite des cerveaux" trop dommageable, le nombre d'entrées sera limité dans un premier temps à 280 par an.
M. Natano a salué une "lueur d'espoir" pour sa nation, l'une des plus menacées par les effets du changement climatique.
Jane McAdam, experte en droit des réfugiés, parle elle d'un texte "fondateur". "C'est le premier accord qui s'attaque spécifiquement à la mobilité climatique", affirme à l'AFP cette professeure à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud.
"La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ont des liens ancestraux très forts avec leur terre et la mer, mais cela leur offre une sécurité", dit-elle.
Le texte doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur.
Les Tuvalais réfugiés en Australie auront notamment accès au système éducatif, de santé, à des aides financières et familiales, précise le traité.
Aussi, l'Australie s'est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (9,5 millions d'euros) pour consolider les côtes de Tuvalu qui s'érodent et récupérer les terres submergées.
Le texte déplore cependant que le passage à l'action soit si tardif, les conséquences du réchauffement climatique étant déjà palpables.
"En même temps, nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite d'avoir le choix de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que le changement climatique empire", ont déclaré les deux dirigeants dans un communiqué conjoint.
M. Albanese a ajouté que l'Australie est ouverte à l'idée de conclure des accords similaires avec d'autres pays voisins de l'océan Pacifique, ajoutant qu'il faudrait toutefois un traité sur-mesure pour chaque candidat.
- Responsabilité des pays développés -
Ce pacte peut représenter une victoire stratégique pour Canberra, qui entend renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine.
Le traité comporte notamment un volet défense, engageant l'Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d'"agression militaire", mais aussi de catastrophe naturelle ou de pandémie.
Et il permet à Canberra d'avoir son mot à dire à propos de tout pacte de défense que l'archipel signerait avec d'autres pays.
Une possibilité d'autant plus importante que les îles Salomon, à l'ouest de Tuvalu, en ont conclu un avec Pékin, l'accord autorisant le déploiement de forces armées chinoises sur leur territoire.
"L'union Australie-Tuvalu sera perçue comme un jour important, lors duquel Australie a reconnu qu'elle faisait partie de la famille Pacifique", a déclaré M. Albanese, qualifiant lui aussi le traité de "fondateur" devant la presse, en marge du Forum des îles du Pacifique organisé dans les îles Cook.
Les relations ne sont pas parfaites pour autant entre Canberra et ses voisins, en particulier à cause de la dépendance australienne au charbon et aux exports de gaz, deux postes économiques polluants critiqués par les nations des environs qui subissent déjà de plein fouet la montée des eaux et une météo de plus en plus extrême.
M. Albanese a ainsi souligné que les pays développés doivent commencer à prendre plus de responsabilités dans la lutte contre le changement climatique, alors que ce sont ceux en développement qui en pâtissent le plus.
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