L'armée russe poursuit son offensive au-delà d'Avdiïvka, selon Kiev
Vue de l'usine de charbon et de produits chimiques d'Avdiivka, dans la ville d'Avdiivka, sur la ligne de front, le 18 octobre 2023, dans le cadre de l'action militaire russe en cours en Ukraine. (Photo STRINGER / AFP)
(AFP) - Les troupes russes lancent de multiples attaques dans l'est de l'Ukraine en essayant d'avancer au-delà d'Avdiïvka, au lendemain du retrait des forces de Kiev de cette ville industrielle, a déclaré dimanche l'armée ukrainienne.
Confrontée à un manque croissant de soldats et d'armement et après des mois de rudes combats, l'Ukraine avait annoncé son retrait d'Avdiïvka dans la nuit de vendredi à samedi, une défaite symbolique majeure à quelque jours du deuxième anniversaire de l'invasion russe.
D'"importantes forces" ukrainiennes ont pris pied sur de nouvelles positions près d'Avdiïvka et sont "prêtes" à des attaques russes, qui "malheureusement sont déjà en cours", a déclaré dimanche à la télévision le porte-parole militaire du secteur, Dmytro Lykhoviy.
Selon lui, la Russie "tente de développer activement son offensive" dans la région de Donetsk.
Les militaires ukrainiens ont ainsi "repoussé" dimanche 14 attaques près de Lastotchkyné, petit village situé à moins de deux kilomètres des quartiers nord d'Avdiïvka, et 23 autres dans la zone de Mariïnka, plus au sud, a indiqué sur Telegram le général Oleksandre Tarnavsky, commandant du secteur.
L'avancée russe sur Avdiïvka, la plus importante depuis mai 2023, a renforcé la pression sur les civils de la région, de moins en moins nombreux.
- Rester ou évacuer? -
Dans le village de Novooleksandrivka, situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Avdiïvka et où il reste environ 200 habitants, Vadym, 22 ans a pour l'instant décidé ne pas évacuer, malgré des bombardements russes "constants".
"J'espère que cela va s'arrêter. Et si cela ne s'arrête pas, nous essaierons de partir", a-t-il dit à l'AFP en référence à sa femme et leur enfant né il y a une semaine.
La chute d'Avdiïvka est intervenue au moment où l'Ukraine attend désespérément depuis des mois le vote d'une aide américaine cruciale de 60 milliards de dollars.
C'est "un résultat de l'inaction du Congrès, ce qui a donné lieu aux premiers gains (territoriaux) notables de la Russie depuis des mois", a déploré le président américain Joe Biden.
Vladimir Poutine s'est de son côté félicité samedi d'une "importante victoire", son armée revendiquant le "contrôle total" d'Avdiïvka, en grande partie en ruines.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir avancé de 8,6 kilomètres avec la prise de cette cité visée depuis octobre par de très intenses attaques russes malgré de lourdes pertes.
La chute de cette localité qui ne comptait plus que quelque 900 habitants ces derniers jours contre environ 34.000 avant la guerre, a une valeur symbolique importante pour les deux camps.
Avdiïvka était brièvement tombée en juillet 2014 aux mains de séparatistes pilotés par Moscou avant de retourner sous contrôle ukrainien. Elle se trouve seulement à une douzaine de kilomètres de Donetsk, "capitale" séparatiste qui échappe depuis dix ans au contrôle de Kiev.
Les forces ukrainiennes ont reconnu que des soldats avaient été capturés lors du retrait, sans donner de détails.
- Assauts dans le sud -
Dimanche, la chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, a affirmé que les forces russes avaient exécuté par balles six militaires ukrainiens, dont quatre blessés, sur une position au sud d'Avdiïka, sans doute jeudi. Les autorités ukrainiennes n'ont pour l'instant pas commenté ces affirmations.
Les forces terrestres de Kiev ont en revanche accusé la Russie d'avoir exécuté par balles dimanche deux prisonniers de guerre ukrainiens dans l'est, mais hors du secteur d'Avdiïvka.
Dans le sud du pays, l'armée ukrainienne a également fait état dimanche d'attaques russes dans la région de Zaporijjia.
Les forces de Kiev ont ainsi repoussé, selon le général Tarnavsky, 13 "tentatives d'assaut" russes près des villages de Robotyné et Verbové, un des rares endroits où les Ukrainiens avaient repris du terrain lors de leur contre-offensive de 2023 qui a largement échoué.
Plus tard, le porte-parole Dmytro Lykhoviy a minimisé la gravité de ces attaques assurant que Moscou n'avait pas assez de forces pour une percée.
"Je voudrais calmer un peu la panique (...) Il s'agit de toute vraisemblance de tentatives locales de viser Robotyné", a-t-il dit à la télévision, assurant que "l'ennemi a reçu un coup de pied dans les dents et s'est replié".
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