Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU prolonge l'embargo sur les armes au Soudan
Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé mercredi d'un an l'embargo sur les armes à destination de la région soudanaise du Darfour (Xinhua/Xie E)
(AFP) - Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé mercredi d'un an l'embargo sur les armes à destination de la région soudanaise du Darfour, embargo dont les violations sont régulièrement dénoncées.
Dans une résolution adoptée à l'unanimité, le Conseil étend jusqu'au 12 septembre 2025 le régime de sanctions en place depuis 2005, qui vise uniquement le Darfour: sanctions individuelles (gel des avoirs, interdiction de voyage) qui ne concernent aujourd'hui que trois personnes, et embargo sur les armes.
"La population du Darfour continue de vivre dans le danger et le désespoir (...) Cette adoption leur envoie le message important que la communauté internationale reste attentive à leur détresse", a commenté l'ambassadeur américain adjoint, Robert Wood.
Et même si les sanctions ne concernent pas tout le pays, leur renouvellement "va restreindre les mouvements d'armes vers le Darfour", et "aider" à "remettre le Soudan sur le chemin de la stabilité et de la sécurité", a-t-il estimé.
Une guerre oppose depuis avril 2023 l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon l'ONU.
Les Nations unies et les humanitaires craignent que la guerre ne dégénère en de nouvelles violences ethniques, notamment au Darfour déjà ravagé il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR.
Dans ce contexte, Jean-Baptiste Gallopin, de Human Rights Watch, a déploré une "occasion manquée" par le Conseil, l'appelant à "étendre" l'embargo sur les armes à tout le pays.
Alors que le Soudan réclame toujours la levée des sanctions onusiennes, la Chine et la Russie, qui s'étaient abstenues lors du dernier renouvellement en mars 2023, ont cette fois voté pour.
Cela "pourra en partie juguler le flux constant d'armes illégales vers le champ de bataille", a estimé l'ambassadeur chinois adjoint, Dai Bing, notant malgré tout que les sanctions n'étaient "pas une fin en soi" et ne pouvaient "remplacer la diplomatie".
Dans leur rapport annuel publié en janvier, les experts chargés par le Conseil de surveiller le régime de sanctions avaient dénoncé les violations de l'embargo sur les armes, pointant du doigt plusieurs pays, dont les Emirats arabes unis accusés d'envoyer des armes aux FSR.
L'ambassadeur soudanais, Al-Harith Idriss al-Harith Mohamed, estimant que maintenir l'embargo conduit à un "déséquilibre" des forces en présence au Darfour, a de nouveau accusé mercredi les Emirats de "jouer un rôle clé dans la poursuite de cette crise".
Une accusation rejetée par son homologue émirati, Mohamed Issa Hamad Mohamed Abushahab, qui a décrit une "tentative cynique de détourner l'attention des faiblesses des forces armées soudanaises".
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