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Mozambique: élections générales sans suspense mais sous tension

Mozambique | October 9, 2024, Wednesday @ 16:33 in En français » MONDE | By: AFP | Views: 993
Mozambique: élections générales sans suspense mais sous tension

Un électeur vote à côté d'une femme portant un enfant dans un bureau de vote de l'Escola Primaria Compleda Unidade 25 dans le district de Polana Caniso à Maputo le 9 octobre 2024 lors des élections nationales au Mozambique. (Photo MARCO LONGARI / AFP) 

(AFP) - Les Mozambicains votaient mercredi pour élire leur président et le Parlement, un scrutin sans grand suspense mais qui est monté en tension avec les accusations d'irrégularités d'un des principaux opposants à la mi-journée.

Plus de 17 millions d'électeurs du pays d'Afrique australe lusophone peuvent déposer leur bulletin et tremper leur index dans l'encre indélébile jusqu'à 18H00 (16H00 GMT).

Un vote à l'issue duquel le Front de libération du Mozambique (Frelimo, marxiste) devrait sauf surprise se maintenir au pouvoir, qu'il détient depuis un demi-siècle.

Le contexte économique est morose et des attaques jihadistes dans le nord continuent de contrarier les espoirs de manne liée aux gisements de gaz naturel dans l'océan Indien. Le projet mené par le groupe TotalEnergies, chiffré initialement à 20 milliards de dollars d'investissement (18,25 mds euros), est ainsi paralysé depuis 2021.

Le président sortant Filipe Nyusi a été l'un des premiers à voter dans un quartier aisé de Maputo. Il a appelé à un scrutin "serein, calme", demandant qu'aucun "groupe ne "s'agite ou ne menace les autres" et que chacun "évit(e) d'annoncer les résultats à l'avance".

Dernier candidat à se présenter devant les urnes, l'opposant montant Venancio Mondlane a dénoncé quelques heures plus tard devant une forêt de micros les "voyous de la commission électorale" et promis de diffuser la liste des fraudes et irrégularités en fin de journée.

"Le peuple n'acceptera pas un vol", a prévenu cet orateur charismatique, qui a suscité de l'espoir auprès de la jeunesse. Venancio Mondlane a fustigé les "corrompus, voyous, scélérats, qui depuis 50 ans n'ont fait que déshonorer ce pays".

Les dernières élections en 2019, qui avaient accordé 73% des voix au candidat du Frelimo, avaient été entachées d'irrégularités. Et les municipales de l'an dernier vivement contestées déjà par l'opposition.

"Il faut voter, sortir de sa maison. Sinon il ne se passe rien", plaide Amalia Brandan, une commerçante de 52 ans en chemisette fleurie, arrivée tôt dans son bureau de vote de la capitale.

Récemment, "ceux qui avaient gagné ne se sont pas vus reconnaître leur victoire", a-t-elle ajouté, s'inquiétant que les élections ne soient pas "paisibles".

- "Clientélisme" -

 

Le candidat du Frelimo à la présidentielle, Daniel Chapo, 47 ans, est un ancien gouverneur de province sans expérience gouvernementale. Il a lui aussi souhaité un scrutin "ordonné,  pacifique et sans violence", y compris après la fermeture des bureaux de vote.

"Rien ne va changer, les résultats seront les mêmes", pronostique Domingos Do Rosario, qui enseigne les sciences politiques à Maputo, soulignant la faiblesse des traditions démocratiques de son pays pauvre, aux fortes inégalités, où "le clientélisme" domine.

"L'intégrité du processus électoral est un vrai problème", souligne le chercheur Borges Nhamirre. "Les institutions à tous les niveaux --corps électoraux, tribunaux, police-- vont manipuler le scrutin".

Daniel Chapo, front dégarni et physique élancé, avait été désigné en mai à la surprise générale par le parti. Ce qui pourrait le rendre vulnérable aux pressions que ne manqueront pas d'exercer sur lui les différentes factions du Frelimo, soulignent des experts.

Il serait le premier président né après l'indépendance. Et le premier à n'avoir pas combattu lors de la guerre civile (1975-1992) qui a fait un million de morts.

Face à lui, trois candidats de l'opposition: Ossufo Momade de la Renamo, Lutero Simango (MDM, centre-droit) et Venancio Mondlane, 50 ans, qui a mené une campagne vigoureuse, après avoir quitté la Renamo dont il n'avait pas réussi à prendre la tête.

"Si les élections étaient libres et équitables, il aurait des bonnes chances d'émerger comme le nouveau leader de l'opposition", estime M. Nhamirre.

Depuis une vingtaine d'années, "la triche" électorale est omniprésente, souligne M. Do Rosario.

Le Mozambique, accablé par le dérèglement climatique entre cyclones destructeurs et sécheresse, reste l'un des pays les plus pauvres au monde.

ger/clv/cpy

© Agence France-Presse

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