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Femmes au volant en Arabie: un test pour les réformes du prince héritier

Arabie Saoudite | September 28, 2017, Thursday @ 10:30 in En français » MONDE | By: AFP | Views: 1052
Femmes au volant en Arabie: un test pour les réformes du prince héritier

L'Arabie saoudite permet enfin aux femmes de conduire (REEM BAESHEN / AFP)

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(AFP) - La décision historique de l'Arabie saoudite de permettre enfin aux femmes de conduire servira de test pour le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane qui cherche à marginaliser des ultraconservateurs alors qu'il accélère ses réformes, selon des analystes.

Le royaume saoudien délivrera des permis de conduire aux femmes à partir de juin prochain dans le cadre d'un bouleversement à mettre au crédit du prince Mohammed, 32 ans, qui comporte toutefois des risques de retour de flamme dans un pays régi par une version rigoriste de l'islam.

Mais après la récente répression qu'il a menée contre des dissidents, y compris des prédicateurs de premier plan, des experts estiment que le "roi en attente" pourrait n'être confronté qu'à une faible opposition.

La levée de l'interdiction de conduire pour les femmes "servira probablement de test décisif quant à la capacité du prince héritier Mohammed ben Salmane à introduire des réformes économiques et sociales malgré l'opposition conservatrice", affirme l'analyste James Dorsey de la S. Rajaratnam School of International Studies à Singapour.

"Au vu des célébrations la semaine dernière de la fête nationale, où les femmes ont été autorisées à entrer dans des stades, l'opposition risque de se limiter à des protestations sur les réseaux sociaux", ajoute-t-il.

Samedi, les femmes ont été admises pour la première fois dans un stade à Ryad, un geste qui s'inscrit dans le cadre du plan de réformes "Vision 2030" du prince Mohammed, qui vise à diversifier l'économie saoudienne encore trop dépendante du pétrole.

Des hommes et des femmes ont également dansé dans les rues, des scènes inhabituelles dans un pays connu pour la ségrégation des sexes.

Cet assouplissement n'aurait pas été possible, selon des experts, sans la récente vague d'arrestations de religieux et d'intellectuels, perçue comme une démonstration de force du prince Mohammed.

Jamal Khashoggi, éminent journaliste saoudien et ancien conseiller gouvernemental qui s'est exilé aux États-Unis, a dénoncé une nouvelle ère saoudienne de "peur, d'intimidation, d'arrestations et d'humiliation publique", dans une tribune publiée par le Washington Post.

 

- 'Affirmation du pouvoir' -

 

Ces arrestations n'étaient pas directement liées à l'interdiction de conduire, mais (...) ont constitué une affirmation du pouvoir sur des religieux indépendants et politiquement influents et ont envoyé un message selon lequel le prince Mohammed ne se considère pas redevable envers eux" , déclare Jane Kinninmont de l'institut Chatham House à Londres.

"Le fait qu'ils aient été arrêtés sans qu'une agitation importante ne soit déclenchée a probablement rendu les dirigeants saoudiens plus confiants dans leur capacité à mener des changements (sociaux)".

Le prince Mohammed, fils du roi Salmane (81 ans) et connu sous le nom de MBS, sera amené à monter sur le trône dans un pays où la moitié de la population (31 millions) a moins de 25 ans.

"Je pense que le prince Mohammed est déterminé à emmener l'Etat saoudien dans une nouvelle direction: moins austère, plus nationaliste", estime Kristin Diwan de l'Arab Gulf States Institute à Washington.

Contrairement à de précédents dirigeants, il a montré sa volonté de s'attaquer ouvertement aux tabous saoudiens et il répond aux aspirations des jeunes avec plus de divertissements et plus de femmes sur le marché du travail.

"Les femmes auraient dû avoir le droit de conduire depuis longtemps. Le fait que cette décision ait été si longue à venir montre à quel point les choses ont changé en Arabie saoudite, le prince Mohammed détenant désormais l'autorité exécutive", juge l'expert Perry Cammack (Carnegie Endowment for International Peace).

Mais les ultraconservateurs pourraient devenir une menace. De nombreux Saoudiens sur les réseaux sociaux, irrités par le mélange des sexes à l'occasion de la fête nationale, ont comparé leur pays à "Las Vegas".

"Patriotisme ne veut pas dire péché" est devenu un hashtag largement utilisé, alors que certains ont appelé la police religieuse --dont les pouvoirs ont été réduits ces derniers mois-- à rétablir l'ordre moral.

Le gouvernement a tenté de minimiser leur influence en affirmant que la plupart des dignitaires religieux du royaume "conviennent que l'islam n'interdit pas aux femmes de conduire".

Les femmes font l'objet d'autres restrictions en Arabie où elles sont notamment soumises à la tutelle d'un homme de leur famille --généralement le père, le mari ou le frère-- pour faire des études ou voyager.

ac/ras/nbz

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