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De redoutables prédatrices - si seulement elles se déplaçaient plus vite ! 8 faits que vous ne connaissiez pas à propos des tortues géantes des Seychelles

Victoria, Seychelles | June 4, 2015, Thursday @ 14:34 in En français » ENVIRONNEMENT | By: Hajira Amla et Séverine Martin | Views: 3872
De redoutables prédatrices - si seulement elles se déplaçaient plus vite ! 8 faits que vous ne connaissiez pas à propos des tortues géantes des Seychelles

Le Dr Dennis Hansen avec une tortue géante sur l'atoll d'Aldabra aux Seychelles

(Wilfredo Falcon)

Photo license  Purchase photo

(Seychelles News Agency) - Elles semblent lentes, lourdes et pas très brillantes, mais il se pourrait qu’il y ait beaucoup de choses que les tortues géantes d'Aldabra  cachent sous leurs carapaces et que la plupart des gens ne connaissent pas.

Les tortues géantes d'Aldabra (Aldabrachelys gigantea) sont originaires de l'atoll reculé et sauvage d’Aldabra, situé dans la partie occidentale de l'archipel de 115 îles des Seychelles. C’est l’une des plus grandes espèces de tortues géantes au monde. Les males sont en règle générale plus gros que les femelles et mesurent en moyenne 120 cm de longueur et peuvent peser jusqu’à 250 kg.

La SNA a rencontré un écologiste et spécialiste des tortues géantes, le Dr Dennis Hansen de l'Institut de biologie évolutionnaire et d’études environnementales de l'Université de Zurich, pour en savoir plus sur ces étonnantes créatures.

  1. Il y a plus de tortues géantes que d’habitants aux Seychelles

Même si on peut voir la tortue géante d'Aldabra dans de nombreux zoos à travers le monde, notamment au célèbre zoo du Bronx à New York, au zoo de Bristol au Royaume-Uni ainsi qu’au zoo de Guangzhou en Chine, quelques populations ont également été introduites sur les îles granitiques intérieures des Seychelles, à Zanzibar et sur l'île Maurice. On peut voir la population indigène de tortues à l’état sauvage sur l'atoll d'Aldabra, qui est une zone protégée et un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le site est géré par la Seychelles Islands Foundation et est inhabité par les humains à l’exception d’une poignée de chercheurs et de gardiens.

Ce qui est étonnant à ce sujet c’est que la population de tortues géantes sauvages sur Aldabra oscille entre 100.000 et 150.000 individus  et est supérieure à l'ensemble de la population humaine de l'ensemble de l'archipel des Seychelles qui est composée de 90.000 personnes.

Un long cou,  un regard lent : malgré leur lenteur, les tortues géantes sont curieuses et sont toujours à l'affût de la végétation à grignoter (Nina Bogosavljev, Seychelles News Agency) licence photo : CC-BY

 

  1. Des « ultimes survivantes »

Parvenir à un tel chiffre dans un environnement tel que l'atoll d'Aldabra, qui est un regroupement d’îles arides composées de roches coralliennes surélevées et irrégulières parsemées d'étangs d'eau saumâtre et de végétation clairsemée, n’est pas un mince exploit.

Selon le Dr Hansen, les tortues sont des ultimes survivantes.

« Elles peuvent survivre longtemps sans nourriture ou sans eau pendant plusieurs mois. » a-t-il confié à la SNA. « Ceci est essentiellement dû au fait que ce sont des animaux à sang froid  et qui ont de très faibles taux métaboliques, surtout si on les compare à des primates géants nus à sang chaud, tel que  les êtres humains, qui doivent dépenser beaucoup d'eau pour leur thermorégulation (transpiration), et beaucoup d’énergie pour conserver la chaleur et le mouvement du corps. Par conséquent, pour une unité ou une quantité donnée de ressources, comme l'eau et la nourriture, vous pourriez rendre heureux beaucoup plus de tortues que d’êtres humains et pour beaucoup plus longtemps. »

 

3. Les marins pensaient qu'elles étaient une collation délicieuse et pratique

Autrefois, les tortues géantes n’étaient pas seulement cantonnées sur les îles des Seychelles et les Galápagos. Les ancêtres des actuelles tortues géantes d'Aldabra et des Galápagos étaient encore plus gigantesques et on pouvait en trouver en Australie, en Inde et en Amérique centrale. Mais partout dans le monde, elles ont été chassées jusqu’à leur extinction pour servir de repas que ce soit dans un premier temps aux chasseurs et plus tard aux marins qui parcouraient les océans de la planète avec des rations limitées.

Selon une étude récente réalisée par l'UICN et la SSC un groupe de spécialistes en tortues d'eau douce et en tortues géantes ; les indolentes tortues géantes étaient un gibier facile fournissant facilement de grandes quantités de viande et de graisse et étant donné qu’elles pouvaient être maintenues en vie pendant des mois sans eau et sans nourriture, elles étaient une proie captive de choix qui pouvaient être consommées en cas de besoin.

Les tortues sont protégées par Loi des Seychelles sur la protection des oiseaux et des animaux sauvages et sont classées comme « vulnérables » sur la liste rouge de l'UICN.

Une tortue femelle suivie de son bébé (Riccardo Roccardi, Jollypress International) licence photo : CC BY-NC  

4. Elles peuvent survivre à des voyages transocéaniques

Les tortues géantes modernes sont également en mesure de survivre à de longues périodes en mer en raison de leur flottabilité naturelle. Le premier cas de dispersion transocéanique de tortues géantes fut avéréen 2004. Il a été étudié par les scientifiques Justin Gerlach, Catherine Muir et Matthew Richmond après qu’une tortue géante ait été retrouvée échouée sur un rivage de la Tanzanie. L’hypothèse a été établie qu’elle avait flotté depuis l'atoll d'Aldabra parcourant ainsi près de 740 kilomètres de distance.

Le Dr Hansen a expliqué à la SNA que la morphologie des tortues leur permet de survivre en mer : « les espèces survivantes de tortues géantes ont la chance d'avoir de très minces os dans leurs coquilles, ce qui, combiné au fait qu’elles ont leurs poumons dans la petite partie supérieure de leur carapace, leur donne une flottabilité naturelle. »

Les tortues terrestres géantes flottent donc plus qu’elles ne nagent, mais elles sont en mesure d'accélérer ou de changer de direction avec leurs pieds si le courant n’est pas trop fort. Le Dr Hansen affirme que la plupart des tortues terrestres de plus petites tailles ont des os plus épais, car elles vivent souvent dans des écosystèmes continentaux, où elles doivent être capables de survivre aux attaques des prédateurs comme les lions mais elles ne peuvent pas très bien flotter sur l'eau.

 « En général, les tortues géantes aiment l'eau douce, et vont souvent dans l'eau pour se refroidir. A marée basse, elles se déplacent également souvent dans des zones de mangroves, pour se nourrir des plantes et des graines  de mangroves. » a-t-il expliqué.

 « Si elles ne reviennent pas sur la terre ferme à temps, elles sont donc facilement emportées par  la mer. C’est ce qui a dû presque certainement arrivé à la tortue décrite dans l'article de Gerlach & others. Et c’est aussi de cette manière que les tortues géantes sont arrivées sur Aldabra (et beaucoup d'autres îles). Tout ce qu'il faut c’est une femelle portant des œufs pour commencer une nouvelle population sur une nouvelle île ! »

 

5. Elles aident d'autres espèces endémiques

En raison de la nature grégaire des tortues, Elles sont connues pour abattre de petits arbres et arbustes pour obtenir des feuilles nutritives, ce qui dégage des chemins et des clairières pour les autres animaux.

Les tortues d’Aldabra contribuent également à disperser les graines endémiques sur l'atoll.

« Les tortues d’Aldabra aiment manger les tomates endémiques d’Aldabra (Solanum aldabrense). Un doctorant en ingénierie minière, Wilfredo Falcón, est actuellement sur Aldabra pour étudier la manière dont les tortues et les autres frugivores se nourrissent de tomates et répandent ensuite les graines dans le paysage. » a déclaré le Dr Hansen.

 « On appelle ce type d'interaction mutualiste la dispersion des graines ; l'animal prend son repas (et l'énergie) et les graines des plantes sont ensuite répandues sur une grande surface lorsque les animaux défèquent, ce qui augmente la probabilité que les graines en germination se développent et deviennent des plantes adultes. »

 

Tout laisse à croire que la tortue géante connue sous le nom de Jonathan et qui vit en captivité sur l'île isolée de Sainte-Hélène en Atlantique serait la plus ancienne tortue géante et serait donc âgée de 183 ans (Joe Hollins) licence photo : CC-BY

 

  1. Elles sont pratiquementimmortelles

On pense que les tortues géantes sont une des espèces dotées de la meilleure espérance de vie sur la planète. Certaines tortues géantes d'Aldabra, en particulier celles vivant en captivité, sont supposées avoir 200 ans ou même plus, bien qu'il soit difficile d'établir leur âge précis car elles sont plus âgées que leurs observateurs et que les registres.

Adwaita  (qui signifie «unique» en sanskrit) fut à priori l'une des quatre tortues géantes d'Aldabra rapportés des Seychelles par les marins britanniques en Inde comme cadeau à Robert Clive de la British East India Company. On estime qu’Adwaita a dû éclore vers 1750 puis elle a été amenée au  zoo de Calcutta où elle a vécu jusqu'en mars 2006, elle s’est éteinte à un âge estimé de 255 ans.

Jonathan, une autre tortue géante a été rapportée des Seychelles à la British Overseas Territory de Sainte-Hélène à l'âge approximatif de 50 ans comme cadeau exotique pour le gouverneur Hudson Janisch Ralph. On pense qu’à 183 ans, elle est aujourd’hui  la plus ancienne tortue géante vivante.

  1. de redoutables prédatrices

En raison du fait qu’elles aient eu à survivre et prospérer dans ces conditions arides, le Dr Hansen a été témoin du comportement révélateur de tortues géantes qui lui fait penser qu'elles auraient pu être beaucoup plus dangereuses si  seulement elles avaient été plus lestes.

 « Je pense que les tortues géantes seraient les prédatrices les plus redoutables qui aient jamais vécu, si elles pouvaient se déplacer plus rapidement. » a-t-il expliqué. « Elles vont littéralement manger tout ce qu'elles peuvent trouver et qu’elles pensent être savoureux, y compris les animaux morts. Cela inclut les crabes, les oiseaux, les tortues de mer et les autres tortues terrestres. La première fois que j’ai vu un groupe de trois tortues déchirer le corps en décomposition d'une quatrième tortue morte, ce fut pour moi une révélation... »

L’explorateur Paul Rose de la National Geographic Pristine Seas a découvert récemment à quel point une tortue mâle peut être agressive si elle est interrompue durant une séance d'accouplement. Ce qui a donné lieu à une  course poursuite à faible-vitesse quelque peu ridicule mais déterminée.

Une tortue mâle furieuse poursuivant l’explorateur Paul Rose sur toute l'île de l'Assomption (Neil Gelinas/National Geographic/YouTube) Licence photo : CC-BY

Ce qui nous mèneà notredernier point...

  1. Les tortues mâles sont les Don Juan du royaume animal

En plus d'être un symbole de résistance et de longévité, les tortues géantes sont également largement reconnues aux Seychelles comme symbole d’amour, un fait qui sonne étrangement si on ignore que les tortues géantes males passent la majeure partie de leur la journée à essayer de convaincre leur homologues féminines d’avoir envie d’un peu d'amour.

Les mâles émettent lors de l’accouplement un mugissement caractéristique qui peut être entendu de très loin.

Les jardins botaniques de Victoria, la capitale de l'archipel des Seychelles, est à la fois un lieu où les tortues sont gardées en captivité et un lieu de prédilection pour prendre des photos de mariage. Une légende locale affirme que si les jeunes mariés entendent des tortues s’accoupler, leur mariage sera long et heureux.

Le Dr Hansen comme bien d'autres chercheurs spécialisés en tortues géantes ne sait pas exactement pourquoi les tortues géantes males souhaitent s’accoupler si souvent, mais il a développé une théorie personnelle.

 « Après qu’un mâle ait commencé à grimper sur le dos d'une femelle et émis ses soufflets d'accouplement très caractéristiques, c’est en réalité les femelles qui effectuent leurs choix ; les tortues géantes femelles doivent soulever activement leur extrémité arrière pour permettre au male de procéder. » a-t-il expliqué.

 « Comment peut-il la convaincre? Peut-être en lui demandant aussi fort qu'il le peut, en lui donnant la preuve de sa taille et de sa qualité de père potentiel. Nous ne savons pas. Ce que nous savons c’est que la grande majorité des tentatives d'accouplement ne vont jamais au-delà de l’état de mugissement, ce qui explique peut-être pourquoi les mâles essayent toujours et encore, pour parvenir à convaincre une femelle qu'il est digne d’être le père de ses enfants ! »

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Tags: IUCN, SIF, Aldabra

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