Venezuela: l'opposition convoque une grève de 48 heures
L'opposition vénézuélienne a convoqué samedi une grève de 48 heures pour mercredi et jeudi prochains contre le président Nicolas Maduro et contre son projet de modifier la Constitution. (RONALDO SCHEMIDT / AFP)
(AFP) - L'opposition vénézuélienne a convoqué samedi une grève de 48 heures pour mercredi et jeudi prochains contre le président Nicolas Maduro et contre son projet de modifier la Constitution.
"Nous convoquons tout le peuple, tous les secteurs, à 48 heures de grève civique", a déclaré lors d'une conférence de presse le député Simon Calzadilla au nom de la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition.
Ce député a également annoncé pour le vendredi suivant, le 28 juillet, une marche pour exiger que le président Maduro "retire" son projet d'assemblée constituante.
C'est le dimanche 30 juillet, soit deux jours plus tard, que doivent être élus les 545 membres de cette assemblée censée réécrire l'actuelle Constitution.
L'opposition, majoritaire au Parlement, considère que les modalités prévues de désignation de ces membres ne sont pas équitables et favorisent le camp chaviste (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier).
M. Maduro a exclu à plusieurs reprises de revenir sur son initiative de convoquer une assemblée constituante, malgré le refus de l'opposition, qui organise depuis près de quatre mois des manifestations presque quotidiennes, et en dépit des pressions internationales qui se multiplient.
Depuis le début de la vague de manifestations, 103 personnes ont été tuées, selon le Parquet.
Le président a répété samedi soir qu'il ne céderait pas et s'est montré menaçant. "Nous serons implacables si l'on essaie de créer un processus de violence pour tenter d'empêcher ce qu'il est impossible d'empêcher", a déclaré M. Maduro lors d'une interview à la télévision officielle VTV.
Mais l'opposition est elle aussi déterminée. "Avec une grande fermeté, le peuple va empêcher la fraude constituante", a lancé le député Calzadilla.
Une grève générale de 24 heures convoquée par l'opposition a eu lieu jeudi et vendredi. La MUD a déclaré qu'elle avait été suivie à 85%, alors que M. Maduro et d'autres responsables gouvernementaux ont affirmé qu'elle avait été un échec.
- Marche bloquée -
Samedi, l'armée a bloqué à coups de gaz lacrymogène une marche vers le Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême) en soutien aux magistrats nommés la veille par l'opposition pour constituer une Cour suprême parallèle.
Les heurts entre militaires et manifestants ont fait plusieurs dizaines de blessés. Ils ont été suivi de blocages de rues par des barricades qui se poursuivaient dans la nuit de samedi à dimanche.
La désignation de la Cour suprême parallèle est la dernière initiative en date de l'opposition contre le président et son projet de modifier la Constitution.
"Nous soutenons les nouveaux magistrats pour que soit rendue son indépendance au TSJ, qui est aujourd'hui aux ordres de Maduro", a déclaré à l'AFP à Caracas Luis Torrealba, un manifestant de 43 ans accompagné de sa femme et de son fils.
L'opposition estime que les 33 juges actuels ont été désignés de façon irrégulière par l'ancienne majorité chaviste.
Le TSJ a répliqué en déclarant que la formation d'un TSJ parallèle était constitutive des délits d'"usurpation de fonction" et de "trahison de la patrie", punissables de peines de prison.
- Un magistrat arrêté -
Un des magistrats de la Cour suprême parallèle, Angel Zerpa Aponte, a été arrêté samedi par le service de renseignement vénézuélien, le SEBIN, a déclaré l'opposition dans un message publié sur le compte Twitter du Parlement.
"Nous condamnons l'arrestation arbitraire par les services de sécurité de ce magistrat élu constitutionnellement", a déclaré le président de la chambre, Julio Borges.
Parallèlement, les appels lancés à M. Maduro à rétablir l'Etat de droit au Venezuela se multiplient au sein de la communauté internationale.
Réunis vendredi à Mendoza en Argentine, les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay, le Venezuela étant suspendu de cette organisation depuis décembre) ont adressé une demande en ce sens à M. Maduro.
Le ton monte également aux Etats-Unis et en Europe.
L'opposition manifeste quasi-quotidiennement depuis le 1er avril pour dénoncer la gestion du président Maduro et réclamer une élection présidentielle anticipée.
En mai, l'annonce de la convocation d'une assemblée constituante par Nicolas Maduro a amplifié la colère de l'opposition.
Celle-ci estime que cette mesure permettra au pouvoir chaviste de contourner le Parlement, qu'elle contrôle depuis les élections législatives de décembre 2015.
Quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés au projet d'assemblée constituante, selon l'institut de sondage Datanalisis.
Un jeune violoniste, personnage emblématique des manifestations anti-Maduro, a été blessé samedi lors de troubles survenus lorsque les militaires ont bloqué la marche de l'opposition vers le TSJ.
Wuilly Arteaga, 23 ans, a été transféré dans un centre de soins, a constaté l'AFP. Il a été atteint au visage, par des plombs de chasse selon ses déclarations, et saignait abondamment.
erc/mis/yow/plh/juf